Des astronomes tirent la sonnette d’alarme : si rien ne change, les humains pourraient ne bientôt plus voir les étoiles à l’œil nu.
C’est un spectacle immémorial, le plus ancien de tous, auquel l’espèce humaine va peut-être elle-même mettre fin. Comme le rapporte le Guardian, des astronomes et experts expliquent ainsi que, si rien ne change dans nos habitudes et notre soif inextinguible de lumière, la Voie lactée et les étoilent pourraient disparaître de notre vue.
Les scientifiques mettent en particulier en cause l’utilisation exponentielle de diodes électroluminescentes, les fameux éclairages LED, dans cet effacement progressif de la Voie Lactée et de certaines étoiles de nos cieux trop pollués.
Rends les étoiles, Elon !
Le phénomène n’est bien sûr pas nouveau : l’électrification de nos villes et la multiplication conséquentes de leurs éclairages publics rendaient déjà la Voie Lactée invisible à un tiers de l’humanité en 2016, selon les calculs des astronomes.
« Le ciel nocturne fait partie de notre environnement et ce serait une privation majeure pour les générations à venir de ne pas pouvoir l’observer, tout comme ce le serait s’il leur était impossible de regarder un nid d’oiseau », explique au quotidien britannique Martin Rees, qui a le titre très anglais d’« astronome royal ». « Nul besoin d’être astronome pour s’intéresser au problème. Je ne suis pas ornithologue mais si les chants d’oiseau disparaissaient de mon jardin, je me sentirais plus pauvre. »
La disparition
Selon les calculs de Christopher Kyba, du German Centre for Geosciences à Postdam, le ciel s’éclaircit à un rythme de 10% par an, provoquant « l’effacement » progressif des étoiles les moins brillantes. Un enfant pouvant aujourd’hui apercevoir 250 étoiles n’en verrait ainsi plus qu’une centaine une fois ses 18 ans atteints –et tous ceux qui suivront n’auront plus que des photos à scruter, en lieu et place du spectacle naturel du cosmos.
« Il y a deux générations, les gens étaient régulièrement confrontés à la vision scintillante de ce cosmos –mais ce qui était alors universel est désormais rare », explique Kyba au Guardian. « Seuls les gens les plus riches, ainsi que les plus pauvres, peuvent désormais avoir accès à cette expérience. Pour les autres, ça a plus ou moins disparu. »
Selon les scientifiques, quelques petites mesures simples pourraient d’ores et déjà avoir un impact « énorme » : pointer les lumières vers le bas et les doter de boucliers lumineux, fixer des limites à leur puissance et privilégier les éclairages rouge ou orange plutôt que bleu-blancs.
Elon Musk, SpaceX et les milliers de satellites trop brillants de leur constellation de communication Starlinkont ont déjà été vertement critiqués pour leur impact important sur l’astronomie, forçant l’entreprise à revoir ses plans. Malheureusement, même peints en noir, les problèmes demeuraient vifs, comme l’expliquaient en 2020 nos confrères de korii.
Perdre le nord
Trouver une parade à ces problèmes n’est pas qu’une question culturelle, elle est également écologique : comme le rappelle le Guardian, de nombreuses espèce, notamment des oiseaux ou des tortues, ont besoin de voir les étoiles pour leurs déplacements et migrations.
Même le corps humain souffre de cette omniprésence de LED bleu-blancs. « Nous manquons de lumière rouge et infrarouge, ce qui peut avoir de sérieuses implications », explique ainsi Robert Fosbury de l’Université de Londres. « Quand une lumière plutôt rouge brille sur notre corps, cela stimule des mécanismes comme ceux qui s’attaquent aux hauts niveaux de sucre dans le sang ou qui boostent la production de mélatonine. » Selon lui, l’introduction de néons fluorescents puis d’éclairages LED est l’une des causes des actuelles épidémies de diabète et d’obésité. Bref, les étoiles, ce n’est pas que pour décorer.