Humanitarian parole : Dans les centres d’émission de passeport, chaque policier est «une agence de voyage»

Le programme « Humanitarian parole » initié par l’administration du Président américain Joe Biden en Janvier 2023 met à rude épreuve les institutions haïtiennes en charge d’identifier les citoyens. Ce plan humanitaire remet également à jour l’indécence et la cupidité des policiers et agents des Centres de réception et de livraison de document d’identité (CRLDI) dans les opérations visant l’obtention du passeport.

Appliquer pour l’obtention d’un passeport à la Direction de l’immigration et de l’émigration ou dans les CRLDI (Centres de réception et de livraison de document d’identité) relève d’un véritable chemin de croix. Le comportement des policiers préposés devant les bureaux qui institutionnalisent favoritisme, corruption et népotisme, mettent à mal le processus et pénalisent les classes les plus fragiles.

Un espace exclusivement pour les policiers

Tous les témoignages collectés dénoncent le comportement des policiers qui dédaignent les demandeurs au détriment d’un proche ou d’un commanditaire. Au Parc Sainte-Thérèse de Pétion-Ville, au Gymnasium Vincent de la rue Romain, au CRLDI de la rue Lamarre, au CRLDI de Delmas 31 et dans les provinces tous les demandeurs, contraints de faire vainement le pied de grue, réclament la démobilisation des forces de l’ordre en raison de l’indiscipline et de l’irrespect manifestés envers eux.

En dépit des dispositions adoptées par les responsables du Service de l’immigration, qui ont réservé un espace exclusivement pour les policiers, la situation n’a guère changé. Des éléments affectés aux unités spécialisées du CIMO, de l’UDMO, de l’USGPN usent de leur autorité pour exiger de l’argent à des candidats en vue de leur faciliter à remplir les formalités pour obtenir le précieux sésame. Les couts varient en fonction du solliciteur. Quinze à vingt-cinq mille Gourdes sont exigées par des policiers pour frayer un chemin parmi la foule des citoyens qui s’impatientent dans les files depuis l’aube et amener leurs clients jusqu’aux bureaux.

Des femmes se$uellement exploitées

D’autres cas de jeunes filles exploitées par des agents des CRLDI et des policiers remettent en débat le spectre de la domination masculine et le défi de rompre le cycle infernal du sexe supérieur. Des récits de victimes même après avoir payé le service donnent des sueurs froides. Il est rapporté qu’un réseau de facilitateurs incluant policiers, agents de l’immigration et d’autres employés taxent de manière démesurée des contribuables pour l’obtention du document. Le fameux slogan de la « première page » du passeport attire la convoitise des techniciens du service de l’immigration qui en tirent grassement profit.

Après avoir réussi à remplir les formalités pour obtenir le passeport, il revient d’abord à présenter la première page comme gage à encourager le potentiel sponsor du programme « Humanitarian parole » depuis les États-Unis d’Amérique. De ce fait, il faudra débourser au bénéfice d’un employé de la Direction de l’Immigration à Lalue entre quinze mille et vingt-cinq mille Gourdes pour photographier cette partie du document.

Dans ces services, la corruption est normalisée et le premier ministre de facto, le Dr Ariel Henry qui détient le portefeuille du Ministère de l’intérieur et des collectivités territoriales (MICT), institution de tutelle de la DIE, se terre dans un silence complice.  

Hervé Noel

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