Les législateurs américains s’opposent à la désignation des gangs haïtiens comme organisations terroristes

Washington, 1er mai 2025 – Deux membres influents du Congrès américain, Gregory W. Meeks et Sheila Cherfilus-McCormick, ont exprimé leur vive préoccupation concernant l’intention du Département d’État de classer les gangs haïtiens comme des organisations terroristes étrangères (FTO) sans une stratégie globale préalable pour soutenir les autorités haïtiennes. Leur lettre, adressée au secrétaire d’État Marco Rubio, met en lumière les risques potentiels d’une telle décision sur l’aide humanitaire.

Les parlementaires reconnaissent la nécessité de s’attaquer aux groupes armés responsables des violences massives en Haïti. Ils dénoncent toutefois une approche hâtive qui, selon eux, risque d’aggraver la crise humanitaire. « Une telle désignation, sans plan clair de démantèlement des réseaux criminels et de soutien à la population, risque d’être contreproductive », préviennent-ils.

L’aide humanitaire menacée

Les élus soulignent qu’une telle classification entraînerait automatiquement des sanctions juridiques et financières susceptibles de dissuader les ONG et les agences internationales de poursuivre leur action humanitaire. « Si l’aide ne parvient plus à atteindre 85 % de Port-au-Prince ou du département de l’Artibonite, ce sont les Haïtiens – et non les gangs – qui en paieront le prix », préviennent-ils.

Leur lettre cite également les conséquences déjà visibles de la réduction du financement américain de certains programmes de santé, comme le programme Enhanced Health Services Delivery, qui a servi plus de 3 millions de personnes, dont 20 000 vivant avec le VIH.

Qu’est-ce qu’une désignation FTO ?

Le Département d’État américain peut classer une organisation étrangère comme organisation terroriste étrangère (FTO) s’il détermine qu’elle constitue une menace pour la sécurité nationale des États-Unis.

Cette désignation entraîne le gel des avoirs aux États-Unis, l’interdiction de fournir un soutien matériel et des sanctions pénales pour toute collaboration. Bien que dissuasive, cette mesure peut également affecter l’action humanitaire en restreignant l’accès aux zones contrôlées par les groupes désignés.

Des sanctions ciblées comme alternative

Meeks et Cherfilus-McCormick appellent plutôt à des sanctions individuelles accrues contre les acteurs politiques et économiques haïtiens complices des violences. Ils saluent les sanctions imposées à l’ancien président Michel Martelly en août 2024 et encouragent l’adoption d’un projet de loi bipartisan, la Loi sur la transparence en matière de collusion criminelle en Haïti de 2025, qui ciblerait directement les responsables de la crise.

Loi sur la transparence de la collusion criminelle en Haïti

Présenté en 2025 par des membres des deux partis, ce projet de loi vise à :

  • Identifier les acteurs haïtiens qui financent ou arment les gangs ;
  • Imposer des sanctions financières et des restrictions de visas ;
  • Exiger un rapport public annuel sur les réseaux politico-criminels en Haïti.

L’objectif est de neutraliser les « sponsors » de l’insécurité sans interrompre l’aide humanitaire.

Un appel à une réponse « forte mais intelligente »

Les deux représentants concluent leur lettre en appelant à une réponse américaine « forte et intelligente » face à la situation en Haïti. « Prendre des mesures symboliques sans fondement stratégique risque d’isoler davantage le peuple haïtien, déjà pris en otage par les gangs. »

Cet appel intervient alors que la communauté internationale, comme les Haïtiens, attend des actions concrètes des États-Unis pour aider à rétablir la sécurité et l’État de droit dans le pays, sans démagogie.

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